Lorsque j’ai vu ces balises au fil de ma ballade ce matin, j’ai d’abord été agacé, critiquant les organisateurs de ce cross VTT de ne pas avoir fini leur travail après la course.
C’est avec cette pointe d’orgueil qui disait moi au moins je respecte la nature et finis ce que je commence, que j’ai enlevé au fil du chemin ces intrus plastique dans ce paysage naturel. Puis au bout de quelques unes, c’est avec plus de conscience (et d’humilité) que j’ai enlevé ces points de repères obsolètes. J’ai regardé cette situation comme dans ce miroir qu’est le monde extérieur, pour en apprendre davantage sur mon monde intérieur: Et moi qu’est ce que j’ai oublié de traiter et laissé au bord du chemin?

BALISES BÉNÉFIQUES
Nous avons tous besoin de points de repères pour avancer. Ces points lumineux transmis par nos proches, nos professeurs, nos amis ou quelques inconnus de parcours qui inspirent, rassurent et guident au fil du temps le tracé sur lequel nous évoluons. Comme ces coureurs qui ont été aidés par ces banderoles pour savoir quel chemin emprunter.
Qu’ils soient implicites, choisis par défaut ou délibérément, ces repères nous ont appris quelque chose: aiguiser notre capacité à décider ce qui est juste ou non pour nous même. Ces garde-fous suivis consciemment ou inconsciemment forgent notre latitude d’actions et l’ampleur de notre interaction avec le monde. Au gré des experiences canalisées par ces repères, nous avons creusé le sillon de nos habitudes qui nous stabilisent, nous rassurent pour finalement croire (à tord ou à raison) qu’elles nous définissent.

BALISES TOXIQUES
Pour tout un tas de raisons nous ne remettons pas en question ces repères. Certains sont encore là parce que ça fait joli ou parce que du plus loin que nous nous en souvenons ils ont toujours été là. Puis avec un peu de recul nous nous apercevons que nos faits et gestes ne dépassent que très rarement nos repères choyés. Leur amoncellement est tel qu’ils opacifient les abords du chemin telles des œillères transformant la plaine en couloir. Nous voici sur des rails. Même si celles ci peuvent être agréables, il est judicieux préserver néanmoins un voyage vivant et excitant.

LE SENS DES BALISES
Ces rails (parfois toxiques donc) sont tellement intégrées dans le paysage que nous ne distinguons même plus comment en sortir. Du fait d’avoir totalement perdu de vue leur genèse qu’étaient ces points de repères, nous en avons au passage oublié notre capacité d’en changer. La raison d’être d’un point de repère, d’un avis ou d’un conseil suivi à l’époque est d’indiquer une voie et non l’imposer.

SORTIR DES SENTIERS BATTUS…
Retrouver le sens de ses repères est donc le chemin le plus court pour faire le tri entre sa structure veritable et ses béquilles. A quoi ça me sert de garder cette amulette qui témoigne de mon courage? Ai je encore besoin de croire que si j’ose faire différemment je serai moins aimé? Est ce réel qu’un homme qu’une femme qui sait faire seul(e) est seul(e)? Est-ce fondé que demander de l’aide est un signe de faiblesse? Remettre en question et faire le tri de ses habitudes et son mode de vie demande d’ouvrir sa perception de la Vie. De regarder avec des yeux frais ce que nous connaissons par cœur.

…EN DOUCEUR!
Rassurez vous il n’y a pas besoin de passer par une table rase pour démarrer un nouveau cycle. Le changement peut aussi se faire en douceur. En commençant par défricher régulièrement le surplus d’Il faut qui cachent très souvent des rails bien huilées dénuées de sens. Puis de débrancher le pilotage automatique en vous posant quelques pourquoi, ou l’une de mes questions préférées Qui dit ça?

OSER L’INCONNUE
De quoi poser quelques pas sur une terre vierge, hors des sentiers battus et redécouvrir ce goût de l’expérience. Là où les sens sont en éveil. Les 5 sens physiques au service de cet impalpable qui nous dépasse: l’intuition. Ce 6éme sens language de l’âme qui, si il en a l’espace et l’opportunité, guide nos pas vers des contrées rafraîchissantes…Là où l’essentiel est nourrit.

Ce point de repère oublié m’aura permis de regarder de plus près ceux qui me sont essentiels et comment je reste ouvert d’esprit pour remettre en question ceux qui n’ont plus lieu d’être. J’ai commencé cette balade agacé par cet oubli sur cet arbre et la finis heureux du chemin intérieur parcouru grâce à ce même oubli. La vie est belle. Et la forêt un peu plus propre ;))

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